• Bienheureuse soeur Emmanuelle, morte au seuil de son deuxième siècle.  Imaginons qu'elle ait soudain eu l'idée de donner un coup de main aux pauvres de Paris, qui valent bien les chiffonniers du Caire, la sympathique religieuse risquait de se voir condamnée par un Etat français sûr de sa "justice".

    La semaine dernière le président des Robin-des-Bois, grand type énergique et à la voix qui porte, faisait remarquer publiquement que l'Etat français, encore lui, n'avait pas tenu ses promesses concernant le traitement des personnes sans abri, indignement réduites aux trois lettres "SDF" dans les journaux télés et radio.

    On apprenait aujourd'hui que le DAL, moins télégénique sans doute que les justiciers de Sherwood, venait d'être condamné à payer des sommes phénoménales pour avoir déposé des objets sur la voie publique. Ces objets, des tentes de camping, étant bien sûr destinés à préserver la vie des plus pauvres mais aussi à attirer l'attention sur leur sort.

    Des tentes sur le trottoir ! Et où il va garer son scooter, le fils Sarkorzy ? On pense toujours aux malheureux comme disait ma grand'mère, mais les riches ont bien le droit de marcher sur un trottoir sans être obligés de croiser une famille de pauvres dans des sacs de couchage ! On se préoccupe toujours du bien-être des mêmes! Une pensée pour les pas-pauvres, s'il vous plaît, déjà qu'ils donnent à la messe et au Secours Catholique pour dormir tranquille et regarder les infos la conscience bien douillette !

    Des "objets" sur la voie publique, la justice de Madame Dati, the lady of the Ring, ne peut supporter un tel outrage. Il peut bien mourir des "SDF", crever des clodos, expirer des vagabonds, agoniser des sans-abri, on s'en fout du moment que les trottoirs sont bien dégagés !

    L'hiver arrive, dans les salons on découvre qu'il fait froid et que les pauvres vont en souffrir davantage que soi. Alors on fait semblant de s'activer, sans savoir que l'été est plus meurtrier que l'hiver pour les sans-abri.

    Les ministres, comme leur président en campagne, vont jurer que "d'ici deux ans" plus personne ne dormira dans la rue, on va interroger quelques trognes bien abîmées par la vie, les semaines vont passer, quelques morts tomber dans les statistiques et, le printemps revenu, on fera à nouveau comme si rien ne s'était passé !

    Cela fera alors deux ans que Sarkozy a les pieds qui balancent dans le vide sous le fauteuil de de Gaulle et de Mitterrand. Tiens... deux ans ! C'est donc en mai prochain que le dernier sans abri aura trouvé un toit. Décidemment, on a bien fait d'élire Monsieur Sarkozy. Quand on pense que pendant ce temps-là les Socialistes se crêpent le chignon ! Heureusement qu'il y a des gens sérieux pour s'occuper des vrais problèmes.

     


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  • Problème : Un homme de 56 ans, évadé de l'hôpital psychiatrique de Saint-Egrève, se rend à Grenoble, achète un poignard et tue la première personne qu'il rencontre, un étudiant-chercheur de 26 ans. Déterminez combien il y a de victimes, combien il y a de coupables et trouvez des solutions.

    A ce problème compliqué, le gouvernement réuni va sans doute trouver des réponses simples. On va durcir le régime des sorties, appliquer une médication plus assommante encore, trouver une infirmière ou un médecin à punir et dire que plus jamais cela ne devra arriver.

    Essayons de répondre à notre tour au problème énoncé plus haut. A première vue, nous avons un tueur, un tué et une arme. Des témoins ont vu le tueur enfoncer son arme dans le ventre du tué, il y a donc un coupable et une victime. On va enterrer le mort, déclarer que le coupable ne l'est pas puisqu'il s'est évadé d'un hôpital psychiatrique. On va donc s'empresser de l'y remettre, cadenasser à double tour la chambre capitonnée où il passera le restant de ses jours, assommé de tranquillisants avec vue sur un parc où il ne mettra plus jamais les pieds.

    La société aura trouvé la solution pour ce malade-là, l'affaire sera close en attendant la suivante. 

    D"autres questions, certaines pour moi sans réponse, se posent pourtant.

    Qui a donné de l'argent à ce malade ? Qui lui a vendu un poignard ? Des gens sains ? D'autres "fous" ?

    Quel prix la société est-elle prête à faire payer à ses déviants pour assurer sa sécurité ?  Car elle le doit à chacun de ses citoyens.

    Un malade psy est-il toujours un citoyen ? Un homme ? Un individu ?

    Les hôpitaux psychiatriques ont-ils les moyens humains et donc financiers d'apporter une réponse individuelle à des malades dont aucun ne ressemble à un autre?

    Toutes les personnes en situation d'internement répondent-elles vraiment aux critères qui définissent un malade psychiatrique ?

    Le personnel soignant, infirmiers et infirmières en tête, souvent dévoué, souvent épuisé, souvent en souffrance, parfois désabusé ne peut que parer au plus urgent alors que tout est urgent. Est-il plus important de financer l'armée, d'augmenter le salaire du président ou de refinancer des banques pillées par leurs gestionaires que de payer correctement un personnel suffisant dans ces hôpîtaux ?

    N'est-ce pas aussi à la manière qu'une société a de traiter ses déviants, ses "fous", ses prisonniers, ses pauvres, ses handicapés qu'on reconnait le degré d'une civilisation ?

    je n'ai pas la réponse à la moitié de ces questions, mais n'est-il pas parfois necessaire de les poser, juste, comme le disait Coluche, pour tenter modestement de faire avancer le Schmilblick ?

     


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  • Allez, je prends ma respiration et je me jette à l'eau : je vais dire du bien de Nicolas Sarkozy.  

    Il y en a quelques uns que ça va étonner, mais il faut savoir féliciter si on veut blâmer ensuite

    Aujourd'hui, à Douaumont, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours important. A propos de la première mondiale il a évoqué les fusillés pour l'exemple que l'armée d'alors avait tenté de faire passer pour des mutins aux yeux de l'Histoire. Beaucoup de ces soldats qui ont été exécutés ne se sont pas déshonorés a précisé le président Français.

    Pour résumer le propos tenu aujourd'hui, les hommes, les jeunes hommes qui ont été passés par les armes et fusillés par leurs propres camarades d'infortune ont été poussés à bout. A court d'espoir, menés à l'abattoir par des généraux ineptes et incapables, Nivelle en tête, ils ont refusé de remonter au front. Jugés pour lâcheté et désertion par des officiers aux abois, on les a mis à mort.

    Pendant des dizaines d'années, ces hommes qui avaient eu le courage de se révolter contre des décisions et des ordres obtus sont passés pour des lâches ou des traîtres. Le film de Stanley Kubrick "Les sentiers de la gloire" qui relate ces faits a été longtemps interdit de projection en France.

    Aujourd'hui, les descendants de ces jeunes gens sacrifiés peuvent considérer ces aïeux au même titre que les autres soldats de la grande guerre. Sarkozy n'a pas annoncé leur réhabilitation, mais dans l'inconscient collectif, il a permis aujourd'hui que ces hommes, des héros d'un autre genre, retrouvent leur place dans le martyrologe national.

    Certains s'opposeront sans doute à cette réhabilitation, arguant que parmi les 675 fusillés se trouvent des condamnés de droit commun qui ne méritent pas de bénéficier de cette mesure.  De mon point de vue cet argument peut être négligé. Si longtemps après, le bénéfice du doute pourrait leur être accordé. La prescription jouant, ils peuvent rentrer dans le rang et leurs familles imaginer avoir un héros dans la famille. Qu'est-ce que ça coûte?

    Il faudrait convoquer les sculpteurs et leur demander  de leur trouver une petite place sur les monuments aux morts où figurent peut-être déjà les noms de leurs enfants et petits-enfants tombés en 39-45, en Indochine ou morts en Algérie. Cela ne compensera jamais la peine endurées par les familles de ces morts négligés mais une petite parcelle de justice leur sera rendue.

    Je félicite Nicolas Sarkozy de cette déclaration, je le remercie aussi de ne pas avoir oublié les combattants venus des colonies françaises d'Afrique du Nord, d'Afrique Noire, de Madagascar et d'Indochine. Dans l'ossuaire comme dans la chanson de Nougaro, tous les os sont blancs.

    Il faudrait maintenant déclarer ouvert le processus de réhabilitation. Lionel Jospin l'avait voulu il y a dix ans, à l'époque Jacques Chirac s'y était opposé.

     


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  • Un petit mot pour dire que je ne suis pas du tout de ceux qui veulent limiter à 3 le nombre des commémorations historiques. Il ne revient pas au même d'être mort en Indochine ou en Algérie, mort en déportation, ou mort dans l'armée Française en 14-18 ou 39-45. 

    Je refuse l'idée des fosses communes de l'histoire.


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  • L'élection de Barack Obama, même si elle est en partie un leurre, bouscule la vision planétaire de la politique. Après cet extraordinaire avancée l'élection de Nicolas Sarkozy retrouve la dimension qu'elle n'aurait jamais du perdre : quand le président américain a réussi à unir les Blancs et les Noirs, les Hispaniques, les Asiatiques et les Native American, le président français a réussi de son côté à unir... l'UMP!

    Les ministres (jamais ce mot n'a autant mérité son étymologie!) s'efforcent par paquets de douze de comparer l'évènement probablement historique survenu à Washington à la péripétie politico-chicanière qu'a représenté il y a un peu plus d'un an l'arrivée de l'empereur à l'Elysée. Qu'on ne se méprenne pas, je ne compare pas le petit Nicolas à Napoléon Bonaparte (encore que!) non, en utilisant le mot "empereur", je fais allusion à la démarche de pingouin du premier personnage de l'Etat français.  Quelle classe quand il arrive claudiquant, se frottant le nez, remontant frénétiquement l'une après l'autre ses épaules et grimaçant entre sourire et rictus...  Finalement, vous avez raison, ll fait vraiment penser à Obama!

    J'aimerais qu'on m'explique sans rire en quoi l'élection d'un Métis doué de Chicago à la Maison-Blanche ressemble à celle d'un Hongrois roué de Neuilly à l'Elysée.... Allez, Mesdames et Messieurs les ministres, porte-coton et cireurs de pompes de celui qui vous a fait ce que vous êtes, beaux temporaires et belles éphémères de la République, allez, les Kociusko-Morizet, les Yade, les Hortefeux et autres détenteurs occasionnels de maroquins, expliquez moi... 

    Et pendant que les Américains des Etats-Unis votaient, en France les Socialistes s'apprêtaient à le faire. Et pour donner la victoire à qui ? A Ségolène Royal. 0n ne change pas une équipe qui gagne. Enfin, la victoire! Remarquez quand même que chez les Socialistes français, la victoire ça se limite à moins d'un tiers des militants inscrits, à jour de cotisation et ayant voté... Une foule représentative. Avec ça on est sûr que Sarkozy tremble sous sa couette. Enfin, on peut toujours se réconforter en se disant que le PS est le seul parti à fonctionnement démocratique. Et ça nous fait une belle jambe. Moi, je vous l'écris tel que je le pense, en 2012, il ne faudra pas compter sur moi pour voter socialiste si Ségolène Royal en porte les couleurs. Je serais d'ailleurs bien ennuyé. Depuis l'affaire Rouillan, je ne peux plus décemment voter pour Besancenot, Bayrou... bon, pas la peine d'en ajouter... Peut-être Dany le Vert s'il est en lice.

    Il faudrait que Barack Obama se présente chez nous, il serait élu tout de suite, ce serait d'ailleurs le seul Noir à avoir une chance de l'être dans le beau pays des Droits de l'Homme.

     

     


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